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LE MOULIN DE GRANS EN ETAT DE GRACE


En cette période de confinement, les ventes de farine se sont envolées, ce qui permet à certaines entreprises très locales un regain d’activité, du fait de la proximité avec les consommateurs.

C’est notamment ce qu’il s’est passé avec le Moulin Saint Joseph, qui fabrique de la farine bio grâce à la force hydraulique de la Touloubre, à Grans !


Les premières traces documentées du moulin remontent à 1677, grâce à un acte de vente en possession du propriétaire, M. MONTEAU, qui fait partie de la quatrième génération exploitant le moulin, acheté par son arrière-grand-père au début des années 1900.


La force hydraulique de la Touloubre est actuellement utilisée pour faire tourner une turbine de type « Francis », dont la force mécanique est transmise par poulies à tous les systèmes permettant la production de farine (broyage, tamisage, etc.).


Depuis 1987, M. MONTEAU, pour faire face à la concurrence commerciale des Grands Moulins, a réorienté sa production à environ 95% de production à partir de blé bio, produit localement.

Le moulin dispose d’un silo de 800 tonnes, ce qui représente la production annuelle, bien que cette production soit en croissance chaque année, pour suivre une demande qui va augmentant sur les produits bios.


Pour assurer le surcroît d’activité actuel, le moulin a produit 100 tonnes de farine sur le mois de mars, soit 40% d’augmentation par rapport à la production habituelle, et produit sept jours sur sept.

A l’heure où de nombreuses personnes sont contraintes d’être au chômage technique, le moulin a quant à lui recruté deux ouvriers supplémentaires, venus renforcer les cinq salariés déjà opérationnels, ce qui prouve encore tout l’intérêt de la préservation, sur l’Hexagone, de l’outil industriel, d’autant plus quand il est doublé d’un intérêt patrimonial exceptionnel tel que ce moulin séculaire !

Nota : les images sont extraites du profil Facebook du moulin :  https://www.facebook.com/moulinsaintjoseph/

Pour en savoir plus sur le Moulin St Jospeh, l'idéal est de visionner la vidéo de Provence TV ici

Cette histoire est loin d’être unique, comme on peut le constater sur le reportage que vous retrouverez ici

LES ROUES A AUBES HYDROÉLECTRIQUES

Pour certains d’entre nous, l’évocation des roues à aubes amènent tout de suite à l’esprit une publicité d’une célèbre marque de charcuterie, qui a largement inondé les écrans à partir de 1988…

Retrouvez pour le plaisir cette publicité émouvante ici


Pour d’autres, cela évoque directement des souvenirs d’enfance, du temps où les jeux vidéo n’existaient pas encore, et, enfin, certains ont la chance d’en admirer encore de nos jours.

La technologie hydraulique la plus ancienne
Apparues durant l’Antiquité dans les pays du pourtour méditerranéens, les roues à aubes ont aussi la particularité unique d’être la seule force motrice à avoir été utilisée à la fois dans les temps anciens, lors de la révolution industrielle, et encore de nos jours… !

Les roues sont utilisées pour les cours d’eau disposant de ce qui est qualifié de « Basses Chutes », dont la hauteur est inférieure à 15 mètres.

Dans la majorité des installations actuelles, cette hauteur de chute n’excède d’ailleurs pas 5 mètres de hauteur.

Les trois types de Roues à aubes

1°) Les Roues « en dessous », dont l’alimentation d’eau est par le bas

Caractéristiques : elles nécessitent un débit jusqu’à 3m3/s, et une hauteur de chute inférieure à 1,5 mètre.

2°) Les Roues « de poitrine », avec une alimentation d’eau par le milieu (entre ¼ et ¾ de la hauteur de la roue).
Caractéristiques : elles nécessitent un débit jusqu’à 3m3/s, et une hauteur de chute inférieur à 4 mètres.

3°) Les Roues « en dessus », avec une alimentation en eau par le haut de la roue (quart supérieur de la roue).
Caractéristiques : elles nécessitent un débit jusqu’à 1m3/s, et des hauteurs de chute de 2 mètres jusqu’à plus de 12 mètres.

Moulin des Taillades (Isle sur la Sorgue) – Bel exemple de roue « en dessous »

Quelques notions techniques :

Du fait de la diversité de technologies utilisées, et des différences de débits et hauteur de chute, la production électrique obtenue en couplant une génératrice à une roue à aubes est très variable, et peut aller de 5,5KW (pour une roue de 5,5 mètres de diamètre) à plus de 36KW.

 Une installation bien conçue, en outre, peut produire environ 7000 heures par an avec une rentabilité optimale.

Les nouveaux matériaux utilisés aujourd’hui pour la construction et rénovation des roues, tel que le métal, augmentent le rendement de 10 à 20% de plus que pour l’utilisation du bois, et l’on observe un rendement de l’ordre de 65 à 85%, pour des vitesses de rotation de l’ordre de 12 à 15 tours/min.

En outre, la construction de pales en acier CORTEN (acier auto patiné à corrosion superficielle) rend les rénovations visuellement très proches de leur conception initiale en bois.

Le coût d’une installation complète se situe généralement entre 7000 et 10000 euros par KW de capacité installée, soit un retour sur investissement (hors subventions) d’environ 7 à 10 ans en fonction de la taille de cette installation.

Dans la plupart des cas, les Roues à aubes sont utilisées en autoconsommation, avec revente du surplus sur le réseau public.

Certaines sociétés se sont même spécialisées dans ce type de rénovation : NOVA TECHNOLOGIES, EVIGEST, … et se proposent d’étudier sur dossier les productions attendues en fonctions des paramètres des sites candidats à la transformation.

L’une des Roue que l’on peut observer à la Fontaine du Vaucluse

Quelques exemples d’installations

Le Moulin de Ligny, qui avait un temps permis au village de LIGNY-LE-CHÂTEL d’être le premier à être électrifié dans le département de l’Yonne, a été entièrement rénové en 2017. Découvrez son histoire ici

Le Moulin de Bruère, situé à « La Flèche », datant du 14ème siècle, qui a été rénové en 1996, et qui produit de l’électricité depuis le 4 mars 2020 ! Découvrez l’article ici

Enfin, plus proche de chez nous, le collectif « Energie des Sorgues » va permettre à la Roue MILHE de reprendre du service et produire de l’électricité pour recharger son téléphone portable ou son vélo électrique… ! Découvrez l’article ici 



DES REGLAGES LONGS ET DIFFICILES

Tout système industriel nécessite une phase de réglages, car les paramètres d’exploitation sont en grande partie basés sur des calculs théoriques en fonctions d’un ensemble de données, mais la réaction du système complet reste à être mise en œuvre, et améliorée dans un process alternant phases de tests, de mesures, et apport de correctifs pour essayer de se rapprocher d’un fonctionnement optimum. C’est ce que nous avons fait en 2019.

Un suivi quotidien par les bénévoles :

 Heureusement, la centrale a bénéficié des soins apportés par l’ensemble de l’équipe du Groupe Technique, et en particulier d’interventions quasi quotidiennes de Jean-Marie SALIGNON, ainsi que du Comité Opérationnel, toujours volontaire et présent pour les aménagements qui ont été apportés.

Complexité des réglages de la centrale :

 En général, on estime pour une centrale hydroélectrique au fil de l’eau, comme celle de la Marie Thérèse, qu’une période d’une année complète est nécessaire pour effectuer ces réglages, étant donné les différences de débits entre l’hiver et l’été.
Par ailleurs, alors que l’année 2018 a été exceptionnellement pluvieuse, 2019 a été une année plutôt sèche, ce qui a entraîné une longue période de quasi-arrêt tellement les débits étaient faibles, et donc un peu de retard pris dans les réglages.
Le graphique ci-dessous représente le plan de performance d’une centrale hydroélectrique au fil de l’eau (source : VGB POWERTECH), ce qui montre la complexité du système.


Débit, Hauteur et Puissance (axe vertical) moyens sur 1 an (nombre de jours axe horizontal)
Nota : le débit « aménagé » ou utilisable est représenté sous forme d’une courbe décroissante après avoir réordonné les débits journaliers du plus grand au plus petit, la hauteur de chute et la puissance sont fonction de l’apport en eau disponible de la centrale.